‘’On choisit ses amis, on ne choisit pas sa famille…’’
C’est drôle comme ce proverbe ne résonne pas du tout pour moi, tant j’ai la sensation d’avoir choisi la mienne de famille.
Pour le chaman, l’âme choisit avant de naître, les parents, la constellation familiale et astrologique, l’environnement favorable à son ascension. L’âme est en perpétuelle évolution. Sa vocation est de rayonner, d’incarnations en incarnations. Chaque incarnation est une opportunité d’apprendre à devenir plus aimant, plus doux, plus humble, plus généreux. Ce que l’âme n’apprend pas dans cette vie, elle l’apprendra dans la suivante.
En ce sens, la vie de famille, de couple, d’amis, sont des beaux terrains d’apprentissage ! Comme la vie d’ermite nous apprend à accueillir chaque facette de nous-même dans la solitude de notre ermitage, la vie sociale nous apprend à accueillir chaque facette de l’humanité comme des facettes de nous-même pour être en paix avec soi et avec l’autre.
Être en paix, ce n’est pas être épargné des épreuves, c’est épouser tout ce que la vie met sur notre chemin. Les rencontres comme les ruptures, la santé comme la maladie, la solitude comme la vie sociale. Ce n’est pas sur les lacs que les marins apprennent à naviguer, mais dans les océans qui parfois sont tempétueux, parfois calmes et parfois peuvent nous perdre. Le vent, la tempête, la pluie, la solitude sont autant d’opportunités pour développer les qualités nécessaires pour les traverser, comme les crises sont autant d’opportunités pour chacun de développer de nouveaux talents.
Nous avons reçu beaucoup d’amour de mes parents. J’ai appris avec eux le partage, car avec huit enfants, le partage est quotidien. J’ai souvenir de la précision avec laquelle mon père coupait la tarte le dimanche avec un tel sens de l’égalité. Pas seulement parce que c’était sa nature, mais parce qu’il était conscient que le moindre déséquilibre dans le partage aurait provoqué chez nous une révolte. Avec eux, j’ai appris le don et l’abnégation, offrir son temps sans compter, se donner corps et âme à ce qui nous tient le plus à cœur. Avec eux j’ai appris à accueillir l’autre quelle que soit sa différence, à dépasser le jugement et à chercher la paix coûte que coûte. Je me sens fier de cet héritage, aujourd’hui où je me sens en paix avec chacun dans ma famille, en paix avec chacun de mes amis, en paix avec toutes les personnes que je rencontre, en paix avec chaque facette de moi-même.
Bien sûr, avec huit enfants, chacun n’avait pas sa chambre, les plus jeunes récupéraient souvent les vêtements des plus âgés. Bien sûr, nous avons connu des crises, des pleurs, des drames. Mais chacune de ces expériences a été une opportunité de développer une nouvelle qualité, une nouvelle tendresse. C’est cela la résilience. A la fin du voyage, les liens sont plus forts entre les équipages, il n’est plus besoin de parler, les âmes se sont reconnues.
Il est un temps où la vie nous propose soit de résister, soit d’épouser… De résister pour se plaindre, pour critiquer, pour reprocher, de ce qu’on n’a pas reçu, de l’injustice, de ce qui aurait dû être, pu être, ou accueillir épouser, et faire de notre histoire une œuvre d’art.
Pour accompagner les hommes et les femmes depuis trente ans, j’ai pu voir combien ce ne sont pas ceux qui ont été épargnés des drames qui sont le plus en paix aujourd’hui, mais ceux qui vraiment ont pacifié, transformé, épousé, accueilli ce que la vie leur proposait d'expérimenter. C’est à ce moment vraiment qu’on peut choisir sa famille. Celle qui nous a vu naître et nous transformer et se sentir le coeur plein de gratitude.
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